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05/11/2014

Dostoïevski - Les Frères Karamazov (Extrait)

dostoïevski.jpgLe monde a proclamé la liberté, ces dernières années surtout ; mais que représente cette liberté ! Rien que l’esclavage et le suicide !

Car le monde dit : « Tu as des besoins, assouvis-les, tu possèdes les même droits que les grands, et les riches. Ne crains donc pas de les assouvir, accrois-les même. »

Voilà ce qu’on enseigne maintenant.

Telle est la conception de la liberté.

Et que résulte-t-il de ce droit à accroître les besoins ?


Chez les riches, la solitude et le suicide spirituel ; chez les pauvres, l’envie et le meurtre, car on a conféré des droits, mais on n’a pas encore indiqué les moyens d’assouvir les besoins.

On assure que le monde, en abrégeant les distances, en transmettant la pensée dans les airs, s’unira toujours davantage, que la fraternité régnera.

Hélas ! ne croyez pas à cette union des hommes.

Concevant la liberté comme l’accroissement des besoins et leur prompte satisfaction, ils altèrent leur nature, car ils font naître en eux une foule de désirs insensés, d’habitudes et d’imaginations absurdes.

Ils ne vivent que pour s’envier mutuellement, pour la sensualité et l’ostentation. […]

Rien d’étonnant à ce que les hommes aient rencontré la servitude au lieu de la liberté, et qu’au lieu de servir la fraternité et l’union ils soient tombés dans la désunion et la solitude.

Aussi l’idée de dévouement à l’humanité, de la fraternité, de la solidarité disparaît-elle graduellement dans le monde ; en réalité, on l’accueille même avec dérision, car comment se défaire de ses habitudes, où ira ce prisonnier des besoins innombrables que lui-même a inventés ?

Dans la solitude, il se soucie fort peu de la collectivité.

En fin de compte, les biens matériels se sont accrus et la joie a diminué.

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