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17/12/2014

DÉCEMBRE 2014

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Histoire et mémoire

Histoire et mémoire sont d’abord deux choses différentes : la mémoire, chacun d’entre nous en possède une propre, avec les souvenirs (bons ou mauvais). Notre mémoire conserve les traces du passé que nous avons intériorisé, et forge notre identité. Il n’y a donc jamais deux mémoires identiques au niveau individuel. Mais la mémoire peut aussi être collective : plusieurs individus doivent alors garder le souvenir collectif, qui n’est jamais le reflet des mémoires individuelles ; il y a ainsi des sélections par des gens parlant au nom de groupes, ce sont les « entrepreneurs de mémoires ». Le but est de conforter l’identité collective d’un groupe, souvent contre d’autres entreprises mémorielles différentes (ex : harkis, FLN, pieds-noirs). Pour citer Maurice Halbwachs : « la mémoire collective se construits toujours en fonction des enjeux du présent ».

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« Description historique et statistique de la ville de Reims » Jean-Baptiste-François Gérusez 1817

 

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… Ce fut la Pucelle qui présenta les clefs de la ville à Charles VII, en lui récitant ces vers, que quelques uns disent être d’un nommé Aubry la Court, mais que j’aime mieux attribuer à Coquillart, archidiacre de Reims, poète très connu, et qui se trouvent dans ses œuvres :

Notre roi, prince et souverain seigneur,
Très- chrétien nommé par excellence,
A qu’il est dû gloire, louange, honneur,
Subgestion, amour et révérence.
 
Votre cité de Reims, obéissance
Vous fait pour moi qui ci vous la présente,
Et de franc cœur, en vraie confidence
Les clefs des portes humblement vous présente
Tradogon.
 
Roi très- puissant, mon souverain seigneur,
Reims très-ancienne par grande humilité
Son cœur vous ouvre par excellent honneur
Vous promettant garder fidélité. »
 
On rapporte qu’aussitôt que le roi fut sacré, elle se mit à genoux en pleurant, l’étendard en main, et lui dit, en lui baisant la main et les pieds :
 
«  Grand roi, Dieu a permis que vous fussiez sacré à Reims, pour faire voir à toute la terre que vous êtes le véritable roi et celui auquel appartient le royaume. »
 

Discours sur l'histoire universelle Jacques Bénigne Bossuet, 1627 - 1704

À monseigneur le dauphin

Quand l’histoire serait inutile aux autres hommes, il faudrait la faire lire aux princes. Il n’y a pas de meilleur moyen de leur découvrir ce que peuvent les passions et les intérêts, les temps et les conjonctures, les bons et les mauvais conseils. Les histoires ne sont composées que des actions qui les occupent, et tout semble y être fait pour leur usage. Si l’expérience leur est nécessaire pour acquérir cette prudence qui fait bien régner, il n’est rien de plus utile à leur instruction que de joindre aux exemples des siècles passés les expériences qu’ils font tous les jours. Au lieu qu’ordinairement ils n’apprennent qu’aux dépens de leurs sujets et de leur propre gloire, à juger des affaires dangereuses qui leur arrivent : par le secours de l’histoire, ils forment leur jugement, sans rien hasarder, sur les évènements passés. Lors qu’ils voient jusqu’aux vices les plus cachés des princes, malgré les fausses louanges qu’on leur donne pendant leur vie, exposés aux yeux de tous les hommes, ils ont honte de la vaine joie que leur cause la flatterie, et ils connaissent que la vraie gloire ne peut s’accorder qu’avec le mérite.

Intrusion du politique dans l’Histoire : les lois mémorielles

L’histoire étudie et tente de comprendre les événements du passé tandis que la mémoire en ravive le souvenir et les préserve de l’oubli. Toutes deux sont donc liées, mais de nature différente. Depuis plusieurs années, les historiens constatent une confusion entre ces deux matières. La conséquence directe de cet amalgame est l’instrumentalisation de l’histoire et de la mémoire par le politique, c’est-à-dire par le législateur. L’apparition en France de lois mémorielles a suscité un débat entre les historiens, soucieux de défendre leur liberté de recherche, et les politiques, préoccupés par la défense de la mémoire.

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Les Monuments aux Morts en France, outils mémoriels au lendemain de la Grande Guerre

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Les monuments aux morts existent en France avant 1918 mais ils sont très rares – seulement quelques dizaines pour le conflit de 1870 – et ne sont ni de même nature, ni de même portée.

Avant on célèbre des armées. A partir de l’immédiat après-Grande Guerre, la commémoration est personnalisée. Jacques Bouillon l’écrit : « Avec les monuments au morts de la Grande Guerre, l’hommage aux soldats disparus change de dimension et de nature. De monuments dédiés à des armées ou à des combattants, traités, en général, de manière anonyme, on passe de l’inscription sur les stèles des noms de tous les morts de la guerre ».

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La prière du guetteur - Jean-Pierre Calloch, tombé au champ d’honneur en 1917

sentinelles.JPGLes ténèbres pesantes s’épaissirent autour de moi ;                

Sur l’étendue de la plaine la couleur de la nuit s’épandait,

Et j’entendis une voix qui priait sur la tranchée :

O la prière du soldat quand tombe la lumière du jour !

 

« Le soleil malade des cieux d’hiver, voici qu’il s’est couché ;

Les cloches de l’Angelus ont sonné dans la Bretagne,

Les foyers sont éteints et les étoiles luisent :

Mettez un coeur fort, ô mon Dieu, dans ma poitrine.

 

Je me recommande à vous et à votre Mère Marie ;

Préservez-moi, mon Dieu, des épouvantes de la nuit aveugle,

Car mon travail est grand et lourde ma chaîne :

Mon tour est venu de veiller au front de la France,

 

Oui, la chaîne est lourde. Derrière moi demeure

L’armée. Elle dort. Je suis l’oeil de l’armée.

C’est une charge rude, Vous le savez. Eh bien,

Soyez avec moi, mon souci sera léger comme la plume.

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