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17/12/2014

Histoire et mémoire

Histoire et mémoire sont d’abord deux choses différentes : la mémoire, chacun d’entre nous en possède une propre, avec les souvenirs (bons ou mauvais). Notre mémoire conserve les traces du passé que nous avons intériorisé, et forge notre identité. Il n’y a donc jamais deux mémoires identiques au niveau individuel. Mais la mémoire peut aussi être collective : plusieurs individus doivent alors garder le souvenir collectif, qui n’est jamais le reflet des mémoires individuelles ; il y a ainsi des sélections par des gens parlant au nom de groupes, ce sont les « entrepreneurs de mémoires ». Le but est de conforter l’identité collective d’un groupe, souvent contre d’autres entreprises mémorielles différentes (ex : harkis, FLN, pieds-noirs). Pour citer Maurice Halbwachs : « la mémoire collective se construits toujours en fonction des enjeux du présent ».


L’Histoire, quant à elle, est dans une autre démarche qui n’est pas une approche partiale ou éclatée ; son ambition est une « procédure de vérité » (Hérodote) et un discours critique. Selon Pierre Nora, « l’Histoire est une reconstruction problématique et incomplète de ce qui n’est plus ; elle n’est pas la vérité absolue, mais une démarche ». La mémoire, elle, communie avec le passé alors que l’Histoire tente de sortir du sacré ; la mémoire se veut comme un absolu, l’Histoire est dans le relatif ; la mémoire est démultipliée, l’Histoire appartient à tous.

Ces différences fondamentales n’empêchent cependant pas des liens, même s’ils sont complexes et multiples. En effet, les historiens produisent aussi de la mémoire collective en faisant accéder le citoyen à leur savoir. Leur esprit critique permet alors de prendre du recul et de favoriser la tolérance. De plus, l’historien a aussi sa propre mémoire individuelle, qui oriente ses projets d’études et influence sa vision du monde (malgré ses tentatives de recul critique). La mémoire aiguillonne l’Histoire également : par exemple, pendant des années, l’histoire de la Shoah a été faite par de petits groupes impliqués personnellement (comme les Klarsfeld), pour donner une place dans la mémoire à ces faits historiques. (…)

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