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08/05/2015

Liberté, sécurité...

Dans les sociétés traditionnelles, la catastrophe est acceptée comme une chose inévitable, un fait du destin, une décision des dieux. Au mieux, c’est le fait du hasard, au pire c’est la faute des hommes qui par leur comportement ont provoqué la colère des dieux ou des esprits. Mais dans les sociétés modernes, nous n’avons pas ces exutoires. Toute catastrophe doit trouver une origine dans une faute générale

En fin de comptes, notre société ne reconnait plus la responsabilité personnelle des individus. Elle donne pour acquis que chacun de nous exerce ses responsabilités sous le contrôle d’un système complexe, et que nous partageons la responsabilité de nos choix et de nos fautes avec ce système. Cela équivaut a reconnaître au système le droit de nous mettre sous tutelle : des gens sont là pour contrôler nos actions, pour nous corriger et éventuellement pour nous interdire de faire telle ou telle chose.


De là à imaginer que chacun de nous est implicitement une victime, que nos mauvaises actions ne sont pas de notre faute, mais de celle de ceux qui nous entourent et qui ne nous ont pas empêché d’agir, il n’y a qu’un pas, aisément franchi

La question posée, finalement, est celle de la liberté personnelle. Et de son rapport au risque. Car admettre la liberté, c’est admettre le risque que cette liberté soit mal employée. Si la société me reconnaît la liberté de conduire un véhicule à moteur, c’est qu’elle accepte le risque que j’écrase quelqu’un. Bien entendu, pour réduire le risque la société exige que je passe un examen, que ma voiture ait satisfait certaines conditions, et ainsi de suite. Mais en dernière instance, quelque soit le soin que j’apporte à l’entretien de ma voiture et à ma conduite l’accident est toujours possible. Les exigences que la société m’impose ne font que réduire sa probabilité. Il y a donc une notion d’équilibre entre le risque que la société est prête à accepter et les libertés qu’elle est prête à m’accorder.

Les catastrophes provoquent généralement un raidissement qui aboutit à limiter les libertés au nom de la sécurité. La question qui se pose immédiatement est « comment faire pour que cela ne se répète pas ». Mais est-ce une question pertinente. On peut toujours faire mieux, bien entendu, mais cela a un coût. Et lorsqu’un risque est déjà très faible, le réduire encore est souvent très couteux. La réalité est que le risque existe, et existera toujours. Quoi qu’on fasse, les voitures continueront à rentrer dans les arbres et les avions à s’écraser périodiquement. La seule chose que nous puissions faire, c’est réduire la probabilité d’un tel accident. Et il arrive un moment où le risque résiduel est si faible que chercher à le réduire encore implique de sacrifier nos libertés et des moyens au delà du raisonnable.

Publié le 30 Mars 2015 par Descartes

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