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05/11/2014

L’objection de conscience

conscience.jpg1/ Tout d’abord, il y a deux manières de faire objection de conscience : 

soit de manière relativiste, soit de manière non relativiste. L’objection de conscience relativiste met en avant la conscience personnelle mais de manière complètement subjective et sans aucun rapport avec la raison. Je ne peux poser cet acte (par exemple «marier des personnes de même sexe ») mais c’est quelque chose de complètement personnel : cela ne concerne que moi. Et implicitement, la personne concernée ajoute : « qu’un autre puisse le faire ne me choque pas ». On est donc dans le registre du goût ou de la capacité personnelle


. Moi je ne marie pas mais que d’autres le fassent ne me pose aucun problème : chacun ses valeurs, chacun ses goûts. Dans les questions qui nous préoccupent, il ne s’agit ni de capacité, ni de goût personnel mais de choses objectives qui concernent tout le monde : les questions posées par la loi Taubira et le débat qu’il a suscité le montrent bien. A partir du moment où cette objection de conscience assume donc son choix de manière non relativiste (je peux répondre de mon choix de manière objective et cela concerne tout le monde), elle prend un caractère prophétique au sens où elle dit le bien, le vrai ou le beau. L’objecteur met en cause l’illégitimité de la loi et obéit à la vraie loi qui est ici celle de sa conscience. Loin de moi de légitimer toute forme d’objection mais quand celle-ci est raisonnée, elle constitue finalement une forme d’obéissance.

2/ Malgré tout il faut avoir conscience qu’elle met en cause les fondements même du système politique. Je m’explique :

L’une des fonctions de l’Etat dans le système démocratique est d’assurer la cohabitation harmonieuse des différents droits : droit au mariage pour les couples de personnes de même sexe d’un côté, droit à la liberté de conscience de l’autre. Comment faire cohabiter ces deux droits ? On pense évidemment à la clause de conscience telle qu’elle l’a été promise par François Hollande au moment du congrès des maires en 2012. Mais cela n’est pas du goût du lobby LGBT dans la mesure où ils se  retrouveraient en effet avec ce qu’ils appellent « un mariage au rabais » : mariage qui peut potentiellement souffrir un refus alors que les couples hétérosexuels ne souffriraient jamais et nulle part aucun refus. Le problème est relativement insoluble. On peut reporter la célébration dudit mariage sur d’autres instances (par ex. le préfet) mais tout cela ne fait que déplacer le problème tant on peut imaginer que certains préfets ne seraient pas plus à l’aise que certains maires. Dans toutes les situations d’objection de conscience qui mettent en cause de nouveaux droits (droit à la santé reproductive –beau nom pour le droit à la contraception et à l’avortement, droit aux mariage entre personnes de même sexe, droit demain à l’euthanasie), dans toutes ces situations, l’objection de conscience est incompréhensible car elle implique le rejet par l’objecteur de ce droit et cela est intolérable en France du fait de l’égalité. La question posée finalement est la suivante : comment faire cohabiter deux droits alors que l’Etat n’a aucune boussole ? Dans ce genre de situation, c’est donc l’arbitraire qui prime en fonction des rapports de force en présence. Voilà donc où nous en sommes.

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