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17/01/2015

La culture en augmentant notre humanité nous permet de passer du particulier à l’universel

Décrire la culture comme un bagage suppose d’affirmer l’existence autonome du propriétaire de ce bagage, sa personnalité indépendante et autosuffisante ; quelque utile qu’il soit, le bagage demeure toujours une propriété contingente et séparable du voyageur. Mais la culture ne saurait être décrite ainsi : elle est au contraire le passage nécessaire par où s’accomplit notre personnalité. Elle n’augmente pas ce que nous avons mais ce que nous sommes. Et, en cela, elle n’est pas accessoire, mais essentielle. (…)


C’est en effet à travers une culture que notre perception peut s’ouvrir aux réalités des choses qui nous entourent. (…) La réalité ne se laisse pas voir toute seule : notre regard a besoin d’être informé pour la discerner. Il faut avoir hérité d’une culture pour distinguer, dans le produit de notre perception, ce qui est donné à notre regard. Il faut avoir appris dans les images, dans la langue, dans les mots, à discerner ces réalités singulières que notre œil, ouvert par la culture reconnaîtra dans le réel. (…)

Mais de quelle culture parlons-nous ? Cette question est sans aucun doute l’une de celle qui hante le plus les éducateurs contemporains. (…)

Nous demandons à l’école de ne plus transmettre une culture parmi d’autres, mais de conforter chez l’enfant le sens de l’universel.

De tout cela, on ne peut évidemment que se louer. Mais ces formules sophistiquées continueront de ronronner dans le vide tant que nous n’aurons pas compris que l’école ne pouvait contribuer à cette mission éducative qu’en assumant simplement la tâche qui lui est propre : transmettre une culture. Et non pas une « culture humaniste » (de quoi d’ailleurs s’agit-il au juste), mais une particulière, avec son langage, son histoire, ses figures et ses repères singuliers. Parce que l’homme n’est pas un être d’immédiateté, il faut reconnaître qu’il nous est nécessaire de passer par cet héritage particulier pour progresser vers l’universalité de notre propre nature, enfin accomplie par la médiation de la culture.

Il faut cesser d’avoir peur de transmettre notre culture, comme si elle devait constituer un danger pour la paix et la coexistence des civilisations. Je ne crois pas au choc des cultures, mais au choc des incultures : le plus agressif est celui qui, dépourvu d’héritage, ne sait pas qui il est ni d’où il vient, celui qui n’est pas assez familier d’une langue pour s’ouvrir à d’autres langages. Ce n’est pas la singularité des visions du monde qui nous oppose : ce qui nous isole vraiment, c’est l’incapacité à penser ce qui nous entoure quand un vocabulaire nous fait défaut pour cela.

Notre seul chemin vers l’universel est donc le particulier.

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