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14/02/2015

Monastères et démocratie – Chantal Delsol

Quand le roi Jean sans Terre adopta la Magna Carta en 1215, il y avait un siècle que fonctionnaitchapitre.jpg dans l’ordre cistercien une assemblée élue. Et quand les communes d’Occident, à cette même époque, commencèrent d’organiser en leur sein des coutumes démocratiques, celles-ci existaient depuis longtemps dans certains Ordres. Le vote majoritaire apparaît dans les communes en 1143 : l’Eglise le connaît alors depuis 6 siècles.

Saint Benoît de Nursie (VI° siècle) fonde au monastère du Mont-Cassin la Règle qui deviendra au fil des siècles suivants un modèle de gouvernement pour presque tous les monastères européens. L’Abbé est élu par toute la communauté.


Au XII° siècle est créé le Chapitre général de Citeaux (berceau de l’ordre cistercien). C’est une assemblée de représentants élus, qui délibère chaque année sur le gouvernement de l’Ordre. Elle a le pouvoir législatif, électif, administratif. Elle élit le supérieur général, chef de l’exécutif, et peut éventuellement le déposer. Le Chapitre général est la préfiguration des parlements modernes. La communauté cistercienne est gouvernée par une assemblée, et non par un homme (…)

Les formes électorales et délibératives qui se développent en Occident avec les communes ou les Etats Généraux, viennent-elles des monastères ? La démocratie ancienne était alors à la fois trop oubliée et trop différente pour servir de modèle. Si la Magna Carta de 1215 est, d’après Duroselle « la plus lointaine origine du régime parlementaire » (L’Europe, Histoire de ses peuples

C’est encore le point de vue de Jean Baechler (Démocraties, Calmann-Lévy, 1985) : « Le monachisme occidental est ainsi devenu, par la force des choses et non de propos délibéré, un véritable laboratoire des pratiques électorales pendant au moins cinq siècles. Elles ont servi de modèles aux communes italiennes, avant d’être reprises par les régimes parlementaires. Les démocraties modernes ne doivent rien, en matière de techniques électorales, aux démocraties antiques, dont l’expérience avait été entièrement oubliée, elles doivent tout aux ordres monastiques ».

 

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