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17/01/2015

René Descartes XVIIè siècle – La philosophie du doute

descartes.JPG« Ce n’est pas d’aujourd’hui que je me suis aperçu que, dès mes premières années, j’ai reçu quantité de fausses opinions pour véritables, et que ce que j’ai depuis fondé sur des principes si mal assurés ne saurait être que fort douteux et incertain ; et dès lors j’ai bien jugé qu’il me fallait entreprendre sérieusement une fois en ma vie de me défaire de toutes les opinions que j’avais reçues auparavant en ma créance, et commencer tout de nouveau dès les fondements si je voulais établir quelque chose de ferme et constant dans les sciences. (…) Maintenant donc que mon esprit est libre de tous soins, et que je me suis procuré un repos assuré dans une paisible solitude, je m’appliquerai sérieusement et avec liberté à détruire généralement toutes mes anciennes opinions. »


Pour Descartes, un homme seul a plus de chance d’arriver à construire son savoir avec exactitude. Le projet cartésien se veut individuel : je détruis en moi-même les sédiments de la tradition, pour les remplacer par l’œuvre ordonnée de la raison. Cette idée porte d’emblée sa force révolutionnaire, au sens propre du terme. Un siècle plus tard, c’est dans l’élan du cartésianisme que les Lumières contesteront la tradition, à l’autorité, aux « préjugés », leur validité autoproclamée. Le projet solitaire de Descartes ne concerne pas qu’une maison, il ébranle la cité tout entière : la res novae dans la connaissance, la révolution théorique, précède la révolution politique.

Si le seul savoir authentique est celui de l’individu construit par lui-même, le rôle de l’éducateur s’en trouve totalement renversé. Son travail, à l’image de ce que Descartes cherche à faire en écrivant, ne sera pas de transmettre une connaissance, qui ne serait qu’une opinion de plus dans le concert désaccordé de l’incertitude universelle. Il aura au contraire pour mission de proposer une méthode pour aider celui qui subit l’éducation à conserver sa raison naturelle afin de pouvoir, devenu adulte, réitérer l’expérience nécessairement solitaire de la fondation du savoir. L’enseignant (Descartes ne mentionne jamais les parents), ne saurait donc imposer aucun contenu de connaissance à l’enfant, mais seulement lui enseigner le travail du doute, ou ce que notre pédagogie appelle « l’esprit » critique.

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