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14/03/2015

La tentation permanente de domination d’un pouvoir sur l’autre au cours de l’Histoire

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Une des principales querelles de la pensée politique médiévale est celle qui oppose deux figures centrales de l’autorité, le pape et l’empereur, qui représentent les deux pouvoirs, spirituel et temporel, auxquels se trouvent soumis les chrétiens de l’époque. Les domaines de compétence respectifs de ces deux autorités ayant tendance à se chevaucher dans l’Occident chrétien, la question de savoir si ces pouvoirs étaient autonomes, ou si l’un devait avoir une autorité sur l’autre, constitue un des aspects principaux de cette lutte.

On peut citer deux exemples célèbres de cette tentation permanente de domination d’un pouvoir sur l’autre.


Le premier est celui qui opposa le pape Grégoire VII à l'empereur Henri IV au XIè siècle.

Le pape  publie en 1075 vingt-sept par lesquelles il affirme que les évêques doivent être nommés par lui et non plus par l'empereur. Le pape lui-même doit être élu par un conclave des cardinaux et non plus par les nobles romains. L'empereur Henri IV s'oppose à ces réformes qui rompent avec la traditionnelle soumission du clergé envers le pouvoir laïc et placent le souverain pontife (le pape) au-dessus de l'empereur. Il prononce la déposition du pape mais celui-ci réplique en l'excommuniant, autrement dit en le privant des sacrements, et en autorisant ses vassaux à rompre leur serment d'obéissance.

Des seigneurs allemands en profitent pour récupérer des biens et des avantages qui leur ont été confisqués et ils élisent même un roi concurrent. Peu à peu abandonné de tous, Henri IV craint que le pape ne vienne en Allemagne au secours des dissidents.

Il prend les devants et se rend lui-même en Italie auprès de son ennemi, qui est alors en visite chez la comtesse Mathilde de Toscane, dans son château de Canossa.

Pieds nus dans la neige, il attend pendant trois jours que le pape veuille bien le recevoir et le relever de l'excommunication.

Le pape n'a d'autre choix que de pardonner au pénitent. Mais comme il le craignait, celui-ci en profite pour restaurer son autorité et... reprendre la querelle des Investitures.

Le second est celui opposant Philippe Le Bel au pape Boniface VIII

La querelle de Philippe le Bel contre Boniface VIII, cette réaction énergique du pouvoir temporel contre l'autorité spirituelle, à laquelle s'intéressent non seulement la France et l'Italie, mais l'Europe entière, qui en attend I'issue avec une inquiète impatience, commença par une question d'argent.

Philippe le Bel pour continuer la guerre contre l'Angleterre, voulut soumettre le clergé de France aux redevances générales  ; il lui demanda de payer I'impôt.

Le pape publie la bulle (*) «Clericis laicos» où il précise à l'ensemble des souverains que le clergé ne peut être soumis à aucun impôt sans l'accord du Saint-Siège. Les évêques eux-mêmes sont tenus de suivre les recommandations du Saint-Siège sous peine d'excommunication !

Dans le même temps, Philippe Le Bel interdit toute exportation de valeurs hors du royaume de France, ce qui a pour effet de priver le pape d'une grosse partie de ses ressources.

Pressé par le clergé français qui s'inquiète pour le roi, son protecteur naturel, Boniface VIII en vient à publier une série de bulles assouplissant sa position. En 1297 il doit finalement s'incliner et le «conflit de la décime» se résout à l'avantage du roi de France.

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